יום ראשון, 21 באוגוסט 2016

Mizrahi cultures center - Tel Aviv - Alice Hadjaje


J’ai toujours cru au pouvoir social de l’architecture, par ce que les espaces créés pouvaient permettre. Il a toujours été important pour moi de travailler sur des espaces capables, qui puissent par la suite être librement utilisés par les futurs acteurs, directeurs, utilisateurs, quelque soient leur projet (dans ce cas là, culturel). Je crois aux usages possibles dans un espace, plus qu’aux fonctions définies.

Je ne crois pas que concrètement, l’architecture puisse bouleverser des injustices.

Mais, j’ai appris avec cet exercice qu’un bâtiment, sa forme et son image pouvait être aussi un objet politique et polémique alors même que l’on ne sait pas ce qu’il s’y passera à l’intérieur, et que le premier mur n’est construit. 

L’identité Mizhahi comme facteur à la conception du centre culturel

Pourquoi la question d’identité, celle d’une communauté est-il devenu un facteur dans la conception d’un projet architectural ? Cette approche nouvelle m’a hantée et guidée pendant un semestre. Il était nouveau pour moi d’ajouter à mon travail de conception, cette dimension là. Ainsi, il est devenu évident que les réponses architecturales changent selon les commanditaires, le contexte politique.

En Israël, il est commun, de savoir sur l’autre sa religion, ses origines, et bien plus encore, le pays d’origine des parents, ses opinions politiques, et contre qui se positionne t-il,… Le pays est neuf, construit continuellement sur des vagues de migration. Chacun a son identité propre, et revendique plus ou moins son appartenance d’origine.  Le clivage est au début géographique, puis devient social.

De ce constat et de nos rencontres, plusieurs questions apparurent. De cet éclectisme culturel, y a t-il une culture israélienne ? Qui décide ce qui est reconnu ou non comme appartenant à cette culture ? C’est une question importante de reconnaissance. Quelle image du pays est construite ?

Le pays se situe au centre du Moyen-Orient. Géographiquement, historiquement, Israël est un pays arabe. Cependant, le pays est construit et dirigé depuis sa création en 1948, et même avant, par des institutions et mouvements juifs ashkénazes. Pourtant la culture orientale du pays existe toujours, de part son patrimoine architectural toujours visible, témoignant des siècles précédents, à domination arabe. De plus, de nombreux arabes, musulmans ou chrétiens vivent encore en Israël, des villages et villes entières. Cette population fait partie du pays et conserve ses traditions, et sa culture.

Mais, si Israël est toujours considéré comme pays juif, et qu’il n’est regardé que cette communauté, il existe de nombreuses cultures, de pays d’origine. Par vagues de migration, le pays accueille depuis sa création des juifs du monde entier, sans les considérer à son égal (soit le modèle juif européen).  Les Mizrahim, les juifs arabes, (c’est comme un gros mot ici pour Israël), et leur culture ne font pas partie du développement, et de la recherche actuelle d’une culture israélienne. Pourtant, migrants comme tout le peuple juif d’Israël, ils sont attachés à cette terre, et vivent ici.

Le pays est en guerre depuis son indépendance contre les arabes palestiniens, mais aussi à plusieurs reprises contre les pays arabes voisins. Ainsi, dans sa construction propre, l’Etat se distance d’une quelconque culture arabe, et se crée alors une guerre culturelle, sociale, identitaire interne.

Les débats vont plus loin, et ainsi, au cours de nombreuses discussions, et débats, plusieurs fois virulents, j’ai pu me demander si Israël était raciste.
La culture, l’art des juifs d’Afrique noire et du Nord, et du Moyen-Orient ne faisait pas partie du plan Israélien.

Après des injustices sociales criantes à leurs arrivées dans l’état, cette communauté se bat pour sa reconnaissance.

Ce centre culturel est devenue une action politique.

La réponse urbaine proposée, la place comme lieu d’acte citoyen

La parcelle s’articulera autour d’une large place, ouverte sur la Minshar Art School (son bâtiment moderne, mais aussi ses locaux dans l’ancienne gare de bus), et du nouveau centre culturel. Cet espace public tourné sur Salomon street et Nave Sha’anan, conserve les blocs en béton actuels, repères des anciennes plateformes de bus. De petites salles d’activités, de studios peuvent être imaginés autour de ces blocs. L’animation de la place est garantie par l’installation de mobiliers publics, et le tracé de jardins et parcs. Ainsi, ce lieu est rendu ludique et vivant, et permet de lier à la fois l’école et le centre culturel, mais aussi le quartier résidentiel de Nave Sha’anan, et le futur quartier d’affaires au nord de la parcelle. Il offre une respiration à une future ville très dense qui n’offre que peu de vides publics.

De plus, il était important pour moi, que le bâtiment et ses usages puissent s’étendre à l’extérieur, accessible à tous et devienne un lieu d’acte citoyen. Ainsi, cette place peut se transformer rapidement en lieu de rencontre, théâtre, lieu de manifestation, création, réflexion, lieu de vente de produits, en marché. Les enfants peuvent s’y retrouver et jouer, un passant peut apprendre grâce à une exposition extérieure, un concert, ou des peintures. Un adolescent peut participer à un atelier ouvert de construction ou création. Le quartier et ses habitants pourront habiter la place, y montrer ce qu’ils sont, ce qu’ils font.

Grâce au climat chaud et ensoleillé du Moyen-Orient, il était essentiel d’y ajouter un parc, et de prévoir grâce à plusieurs bandes végétales et emplacements possibles des arbres et espaces végétalisés, offrant une fraicheur nécessaire à ce lieu complétement exposé sud-ouest.



Ainsi, bien que l’échelle du bâtiment et de l’esplanade soit importante, il est nécessaire de retrouver en ces lieux, l’essence du quartier, l’atmosphère d’un café populaire, ou d’une rue piétonne, l’effervescence d’un marché, la liberté d’un mur à taguer. 


Réponse architecturale, un lieu pour une reconnaissance culturelle

J’ai été consciente, malgré mes croyances en une architecture neutre, que l’image d’un bâtiment public, (surtout au programme si important), renvoyait nécessairement à un mouvement, une culture propre. Son impact dans la ville et auprès de ses habitants est considérable. Chaque bâtiment-monument comme sera ce centre culturel dit quelque chose, et renvoie en chacun une référence agréable, positive ou non. 

L’objectif, pour ce futur centre culturel Mizrahi était de travailler sur un bâtiment-repère, un monument important, dense, visible et ouvert dans la ville. Un bâtiment d’exposition, affichant au passant son activité et son identité. Ainsi, un seul bâtiment complexe, accueille tous les éléments du programme, travaillant sur plusieurs niveaux, autour de l’élément le plus important : la salle de spectacle, de 600 sièges.

Après avoir analyser le programme, je l‘ai séparé en deux parties, dégageant à la surface les éléments ayant besoin de lumière, d’être accessible depuis le sol, mais aussi d’être vus. Ce centre doit également faire le lien entre deux quartiers, deux cultures, deux niveaux sociaux, mais aussi deux fonctions (résidentiel, et tertiaire). Le bâtiment se situe sur la bande nord de la parcelle dans l’alignement de HaSharon street et de Minshar school. Ainsi la perspective du boulevard Har Tsiyon est prolongée, et dégagée. La différence de niveau entre Salomon et HaSharon est importante (près de 5 mètres). Ainsi, il m’est paru important de conserver une continuité entre ces deux niveaux, une liberté de circulation dans le bâtiment pour joindre ces deux mondes, mais aussi une visibilité continue. Lorsque, nous venons du nord (de HaSharon), la visibilité est totale sur l’esplanade de Nave Sha’anan.
Le bâtiment pourrait se diviser en deux principales fonctions : la fonction plus publique de MONTRER, EXPOSER, SE PRODUIRE au niveau du sol et de l’accès double au centre culturel (un vers Salomon, un sur HaSharon), et la fonction plus privée de TRAVAILLER, PRODUIRE, REPETER, APPRENDRE, dans les derniers niveaux du lieu. Ainsi, la division est verticale, et permet d’avoir au niveau du sol et dans les premiers niveaux, une continuation de la place extérieure publique avec la cafétéria, l’espace d’exposition, les accès aux auditoriums, la boutique, le foyer, etc. De plus, un large passage intérieur lie les deux entrées, sous forme d’escalier (amphithéâtre) et deviens un espace de circulation habitable libre.

Ainsi, le centre culturel s’apparente à la culture Mizhahi, par son usage, son organisation qui permet une lisibilité, et reconnaissance permanente de ce qu’il s’y crée à l’intérieur et à l’extérieur. L’art exposé doit pouvoir s’afficher, briller, et être reconnu comme tel. Mais la culture Mizhahi est pour moi aussi une lutte, un processus de reconnaissance au travail : et cette action doit pouvoir s’exprimer et se voir. Ma position n’a pas été d’identifier cette identité dans l’architecture physique du lieu, mais plus dans ce que les espaces peuvent permettre. Il faut que ce centre culturel soit comme une expérience en cours, dans laquelle les manières d’exposer, de créer se développent. Car, les espaces d’exposition aujourd’hui sont attachés à un modèle complétement européen (Ashkénazi), et doivent permettre à la culture Mizrahi de s’épanouir dans un nouveau modèle, son propre modèle. Le bâtiment dans son image, est accessible par tous, par ses principales façades en verre, et sa rigidité et sa volonté de simplicité dans sa forme, pour une possible identification Mizhahi par la suite. Les matériaux et l’enveloppe générale ne renvoient pas à une appartenance orientale, ou arabe ; qui aurait permis facilement d’envelopper le problème.


Je regrette que dans mon processus de conception, de ne pas avoir développer plus précisément chaque fonctions et usages possibles du lieu, en réponse aux problématiques identitaires Mizhahi. Mais, grâce aux différentes rencontres entre le studio et Achoti house, j’ai aussi compris que l’idée de la création d’un centre culturel était nécessaire dans sa symbolique, et non réellement dans son design, par sa localisation si centrale dans Tel-Aviv, mais aussi dans Nave Sha’anan. Ce lieu pourrait permettre d’accueillir des populations très variées, des populations du nord, mais aussi du quartier. Il pourrait permettre de redonner une identité nouvelle au quartier, proche de ses origines.

Il est l’accomplissement d’un combat de reconnaissance, d’existence, mais aussi social.




the black city against the white city, which in-between ? 
to keep the old central bus station on the future urban plan


how to gather ?



vertical program organisation, to get close of the ground



a monument
open area























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