יום ראשון, 17 בפברואר 2019

IN BETWEEN – CBS TEL AVIV
Reinbold Charlotte
Shecter Ortal
Wallner Vinzent

Le projet effectué ce semestre fut au sujet de la « nouvelle centrale bus station de Tel-Aviv », de Ram Karmi. Le bâtiment étant d’une grandeur considérable, et ayant un  impact important sur les quartiers alentours, il s’agissait d’en « faire le tour » et d’essayer de le comprendre. Mais aussi savoir comment, dans le futur, des architectes ou autres acteurs pourraient agir dessus, si les bus venaient à déserter de ce bâtiment.
Durant les vingt-quatre heures de dérive dans ce quartier et ce bâtiment précis, nous avons donc arpenté les rues avoisinantes, ainsi que les différents espaces de la CBS elle-même, pour y découvrir un phénomène très courant : l’architecture spontanée. Cette architecture se définit comme l’intervention de personnes non-architectes, exprimant un besoin de logement dont ils vont répondre d’eux-mêmes, par des techniques simples et à leur échelle. Il s’agit souvent de s’approprier une partie de l’espace public : extérieure, comme une rue ou un parc, ou intérieure, concernant l’énorme espace de la centrale de bus. Les acteurs de cette architecture spontanée ou illégale privatisent une partie de l’espace public.
            Ce phénomène très courant s’est avéré plus présent dans l’espace public extérieur, dans les quartiers avoisinants la station, que dans le bâtiment lui-même. En effet la CBS, malgré son statut très ouvert et public reste sous un contrôle privé, celui de la compagnie gérant le bâtiment.

Nous nous sommes donc posé deux questions :
Pourquoi les gens choisissent-ils tel endroit spécifique pour s’installer ? Car l’espace public est vaste et regorge de possibilités.
Quels matériaux utilisent-ils pour subvenir à leur besoin de logement, d’installation éphémère ou plus durable ?
Il s’est avéré que les endroits les plus familiers à cette architecture spontanée étaient les espaces mi-clos, à l’écart, protégés du passage ou des forces de la nature (eau, vent,…).
De plus, les matériaux utilisés sont souvent des éléments architecturaux simples, ou même de la vie quotidienne, faciles à trouver dans les environs.

Cet intérêt pour l’architecture spontanée, amenant les questions posées précédemment, nous a guidé durant tout le semestre. Le sujet de ce projet se tournant vers la station de bus, nous nous demandions comment pouvait avoir lieu ce phénomène architectural au sein même du bâtiment de la CBS ?
Le studio nous invitant à développer notre réflexion à la manière d’un triptyque, nous avons travaillé sur trois projets : le mauvais, le bon, et celui qui va au-delà.




            Le premier projet, le « mauvais ».
La difficulté du triptyque fut de définir clairement ce qui est bon ou mauvais. Après de nombreuses réflexions, nous avons choisit une première approche plus large que le bien ou le mal, car en effet ces états dépendent du point de vue.
Nous nous sommes donc intéressés à des projets d’échelle humaine dans la CBS. En effet, l’architecture spontanée étant le résultat de l’action d’un particulier, elle se traduit par des modifications à l’échelle humaine, facilement réalisables par tous, sans demander l’intervention de gros engins de travaux, de destructions ou d’apports de murs en béton … Le projet se concentrait sur quatre espaces de la centrale de bus, espaces très réduits par rapport à la taille du bâtiment. Il s’agissait de développer pour chacune de ses situations plusieurs scénarios variés mettant en scène différents propriétaires, acteurs des lieux, etc.. Nous ne définissions pas quels étaient les bons et les mauvais scénarios dans le panel des propositions (car encore une fois, tout dépendait du point de vue), mais nous les comparions et les examinions justement en fonction de ces points de vue. Finalement, pour définir lequel était le pire, nous prenions la position de la CBS elle-même, en regard des actions faite dans son bâtiment, à son insu.
Nous avons par exemple étudié la partie sud de la CBS, au niveau de la rue, c’est-à-dire au sol niveau 4 du bâtiment. Cette partie est actuellement un cul-de-sac puisque la porte menant sur la rue est close. Cet espace est donc peu utilisé, les boutiques de ce couloir sont vides.
Différents projets ont été développés, essayant de redynamiser, d’offrir une nouvelle vie à cette partie. L’espace, une fois clos et vendu à un privé pourrait devenir une crèche, une école, ou encore une zone de logement. Il deviendrait même possiblement indépendant du fonctionnement de la CBS puisqu’il se place à une extrémité du bâtiment et à donc des accès directs sur l’extérieur. Les différents scénarios proposés cherchent à comprendre les interactions possibles entre les acteurs des espaces, les espaces eux-même…
Pour cette situation, avec le regard de la centrale du bus, le pire des scénarios serait de condamner cet espace inutile à l’heure actuelle, en le fermant à son extrémité. Mais il serait alors investi par de nombreux squatteurs. En effet ceci est déjà le cas derrière des escalators ou autres espaces condamnés, ce qui nous permet de supposer la même histoire à échelle plus grande. Cette intervention d’échelle humaine est très simple : une tôle ou autre panneau  de travaux pour condamner l’espace, qui devient du coup facilement accessible par les squatteurs, ce qui est déplaisant pour la compagnie qui dirige le bâtiment.
            Toutes ces études de scénarios furent des interventions très simples, travaillant sur l’espace architectural aussi bien que sur les conséquences humaines de ces travaux. C’est donc pour cela que l’outil principal de représentation du projet (aussi bien le mauvais que le bon,… ) est  le collage, montrant à la fois les modifications de constructions que les conséquences hypothétiques qui en découlent.




Le second projet, le « bon ».
Le second projet s’intéresse toujours à l’architecture éphémère. Mais contrairement au premier projet, où la CBS voyait d’un mauvais œil l’installation des squatteurs, l’idée était d’offrir ce bâtiment aux squatteurs, après la disparition des bus dans les environs.
Ce geste deviendrait donc bénéfique pour les squatteurs des quartiers avoisinants, qui auraient alors un toit pour s’installer. Cette idée bénéficie autan aux futurs habitants de la CBS que ceux des quartiers autour. En effet, les squatteurs ayant un bâtiment immense à leur disposition, s’installeraient plus tôt ici que dans l’espace public extérieur. Ce projet voulait continuer l’idée d’incertitude de ce qui est bien et mal, en proposant le même sujet : des squatteurs dans la CBS, en changeant le point de vue.
             Cette fois-ci, l’idée est plus radicale : le bâtiment est totalement abandonné par la compagnie de bus, et totalement laissée libre d’accès pour les personnes ayant besoin d’un logement, d’un espace pour vivre. Tout ce projet fut représenté par collages, puisqu’il s’agit de spéculations sur un futur hypothétique du bâtiment. Ces collages sont inspirés des quartiers autour de la centrale de bus, comme le quartier de la rue Neve Shanan, qui propose déjà un bon nombre d’architectures informelles. Dans le cas où les bus quitteraient ce bâtiment, toutes les situations d’architecture spontanée, que l’on avait trouvé dans le quartier pendant la dérive, se proliféreraient dans le bâtiment même. Il ne s’agit pas d’implanter une association ou une ONG qui régirait l’installation de ces personnes. Au contraire, chacun serait libre de vivre où il veut dans le bâtiment, en construisant une maison de fortune de la manière qu’il lui plait.
Nous avons voulu nous-même essayer cette technique d’installation, dans un endroit reculé de la CBS, avec les moyens qui se présentaient à nous : c’est-à-dire le matériel que l’on pouvait trouvé dans les couloirs de la CBS. En effet, lorsque des personnes viennent s’installer de manière informelle, c’est qu’ils ont besoin d’un logement, manque d’argent et de moyens. Une fois que le lieu est trouvé : ici le bâtiment de la centrale de bus, ils composent avec les matériaux facilement trouvables et  transportables à mains nues. Il ne s’agit pas de venir construire des maisons à l’aide de bulldozers, de grues et de béton.





Le dernier projet, « au-delà ».
Cette réflexion nous amène donc au troisième projet, au-delà de ce que nous avons développé précédemment. Etant donné que le projet d’abandonner la CBS aux squatteurs n’implique aucune intervention architecturale, nous nous sommes demandé :
Comment, en tant qu’architectes, pouvons-nous intervenir dans ce processus, comment pouvons-nous aider les squatteurs, sans pour autant les forcer ? Car nous attachions une importance capitale au caractère informel, spontané de cette architecture qui nécessite l’absence d’un commandement supérieur.
            Pour cela le projet se divise en deux étapes :
Définir les besoins capitaux et primaires nécessaires à la vie.
Comprendre et retranscrire les besoins matériels nécessaires à l’installation.
            Dans un premier temps, il fallait de l’eau : un réseau d’eau propre et un d’eau sale (toilettes), mais aussi de la lumière et de l’air. Le bâtiment de la CBS étant très large, nous avons favorisé les façades, plus aptes à recevoir la lumière et l’air. Restait le problème des réseaux d’eau. En effet, le bâtiment, bien qu’immense, n’est pas suffisamment assuré en besoins sanitaires. Répertorier les réseaux nous a permis de situer les espaces les mieux desservis par des toilettes et un réseau d’eau propre. Il nous a aussi permis de voir comment, en prolongeant de manière verticale ou horizontale les réseaux existants, nous pouvions facilement augmenter le nombre de toilettes.
Une fois ces différents éléments cartographiés, nous avons pu repérer plus précisément les zones d’installations idéales pour les suggérer aux squatteurs.
            Ainsi, dans un second temps, le projet  consistait à répertorier les différents éléments de construction possibles à l’installation des squatteurs. Ces matériaux furent trouvés dans le quartier, où est déjà présente cette architecture informelle. De nombreux éléments constructifs sont en effet détournés de leur but premier pour servir à des constructions de fortune. Des portes par exemple, seront utilisées de manière horizontales comme des barrières ou des murs, ou des journaux seront collés aux vitres pour donner plus d’intimité à l’intérieur d’un espace. Toute cette analyse, retranscrite en catalogue répertoriant les matériaux, permet aux futurs squatteurs de comprendre l’étendu des possibilités constructives, avec de simples moyens.

            Ce dernier projet va donc au-delà du « bon », puisqu’il garde l’idée principale qui est de donner le bâtiment de la centrale de bus aux squatteurs, mais en guidant leur installation. Néanmoins, nous avons toujours voulu garder cette liberté qui définit l’architecture spontanée en ne donnant que des pistes aux futurs habitants, qui restent libres de s’installer où et comme ils veulent, puisqu’il n’y aucune intervention architecturale déterminante de notre part. Ce projet est une suggestion à l’égard des squatteurs, qui sont les principaux acteurs du futur de ce bâtiment.

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